jeudi 31 juillet 2014

31 juillet 1985 : les Kongona (Kung-fu) sont écrasés dans le sang

C'était il y a 29 ans, dans la nuit du 31 juillet au premier août 1985 : les deux camps des Kung-fu, situés dans des quartiers de la capitale à Ambatomainty et à Behoririka, sont pris d’assaut par l'armée, notamment  par des commandos venus de Diégo, appuyés par des hélicoptères et par des blindés. C'est un massacre. Le fondateur des Kung-fu, Maître Pierre, P. Mizaël Rakotoarijaona est tué, de même que 70 des jeunes très disciplinés qui lui obéissaient. Ceux qui n'ont pas réussi à quitter la ville (au moins 200) sont arrêtés, jetés en prison avant d'être jugés en 1988. 
Que s'est-il passé ? Le pouvoir de Didier Ratsiraka, instigateur de la répression, s'est-il vraiment senti menacé par ces jeunes issus pour l'essentiel de la bourgeoisie locale ? Les médias, contrôlés par le pouvoir, ont dénoncé la terreur que faisaient régner ces Kongona (mot d'argot). Mais cette accusation est réfutée par la plupart des témoins. Par contre, il est aisé de revenir sur un autre évènement sanglant : quelques mois plus tôt, le 4 décembre 1984, à la demande des commerçants du centre de la capitale et avec l'accord tacite d'au moins une partie des autorités dont ils dépendaient, sinon de leur totalité, les Kung-fu avec l'appui de la population se sont attaqué au quartier général des TTS (Tary Tonga Saina : les Gars Conscientisés) dans une partie désaffectée de la gare centrale (Camp Pochard). Le massacre de ces bandits, accusés de racket, de kidnappings, de meurtres et de viols, confine l'horreur. Une cinquantaine d'entre eux est tuée. Les Kung-fu acquièrent alors une grande popularité. Est-ce cette dernière, ajoutée à un compétence et un courage certains au combat, qui est à l'origine de leur liquidation ? C'est aux historiens de résoudre ce qui reste en partie une énigme.

A lire :
Raison-Jourde, F., 2002.- Les Kung-Fu. Politique Africaine, 86 : 68-69.

mercredi 30 juillet 2014

Toloza est magnifique



« Toloza est magnifique » nous déclare le compositeur-interprète Mario Badjio dans sa chanson sous influence conjointe du rap et du tsapiky, créée en hommage à la capitale du Sud-Ouest malgache, Tuléar. La phrase m'a longtemps paru mystérieuse. Ne s'agissait-il pas plutôt d'un hymne à Toulouse, la Ville Rose, capitale présumée (1) d'un autre Sud-Ouest ? C'est en lisant le remarquable ouvrage de Clément Sambo (2), un enseignant-chercheur de l'Université de Toliara, que j'ai trouvé la réponse. Tolozy en argot tuléarien désigne Tuléar. Il s'agit juste d'une assonance : Toliary-Tolozy ou Toliara-Toloza. J'ai appris que Tolozy était en fait la capitale du Cent-quatre, autrement dit la Brousse du Sud, pays des takapa. Rien à voir avec Votsa (Antananarivo), la Cité avec un c majuscule !

(1) En fait tout chauvinisme mis à part, c'est Bordeaux.
(2) Sambo, C., 2001.- Langages non conventionnels à Madagascar. Argot des jeunes et proverbes gaillards. Paris, INALCO et Karthala, 392 p.


Toloza/Toliara, une ville rose ?
Tolozy, la Ville Rose

lundi 14 juillet 2014

Les barkhanes littorales de la Batterie à Tuléar

Les barkhanes sont des dunes en forme de croissant dont les deux pointes se dirigent dans le sens du vent. Le versant sous-le-vent est abrupt et très mou. Le versant au-vent est nettement moins mou et en pente douce. Les barkhanes ont besoin d'une surface indurée pour se mettre en place et se déplacer. Les tannes et pseudo-tannes des marais tropicaux à mangrove leur fournissent un excellent plancher. C'est le cas ici à Tuléar dans le Sud-Ouest de Madagascar. Les barkhanes y font cinq à huit mètres de haut en moyenne. 
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Barkhanes : croquis
Barkhanes à la Batterie : Google earth 2006
Barkanes à la Batterie : vue aérienne 1989
Au sommet de la barkhane
Profil d'une barkhane








mercredi 9 juillet 2014

L'érosion à Madagascar en images sur Google earth


L'érosion, un fléau ? Sans aucun doute. Mais même dans la pire catastrophe, il existe un aspect esthétique qui n'échappe pas à certains, notamment les enfants. Ici, vous trouverez quelques belles images de l'érosion à Madagascar, choisies sur Google earth.

La terre lacérée par le passage des charrettes sur un versant

Hautes-terres : un ensemble de lavaka actifs : turbidité rouge du cours d'eau
Lavaka anciens  fossilisés par la végétation ligneuse
Bombetoka : formation d'un banc de vase colonisé par la mangrove
Barkhanes dans le delta de la Linta

vendredi 4 juillet 2014

Les fondements historiques de l’organisation territoriale du Grand Sud de Madagascar




  Vu de l’extérieur, le Grand Sud malgache, prisonnier des images créées par les tour-opérateurs, apparaît souvent comme un désert de sable et de roc, bordé par des lagons aux eaux émeraude, irrégulièrement ponctué de rares bourgs et villages poussiéreux. C’est inexact, bien entendu. Ce vaste espace a la particularité d'avoir en grande partie échappé à l'emprise merina au XIXe siècle mais il est en fait structuré par une solide trame administrative sous-tendue par un réseau de bourgs créés en partie aux débuts de la colonisation française. L’ouverture  au début du XXe siècle de voies carrossables et la création de postes militaires par Lyautey dans des secteurs peuplés, mis en valeur au cours des siècles précédents, ont joué un rôle important dans l’organisation de l’espace, sans qu’il y ait de schéma reproductible partout. Les successeurs civils de Lyautey n’ont apporté de changements au modèle initial qu’en prenant en compte localement des bouleversements démographiques et économiques. L’Etat malgache après l'indépendance de 1959 a presque toujours validé les choix des premiers administrateurs coloniaux. Contrairement à une idée répandue, ces derniers n’ont pas construit ex nihilo mais au contraire en analysant, avec plus ou moins de discernement, les situations préexistantes. La mise en place de l’organisation territoriale se présente donc comme suivant une dynamique plutôt linéaire, une sorte de continuum marqué par d’indispensables réajustements permettant d’intégrer de nouveaux phénomènes comme les activités minières.
 
Mots clés : géographie historique, occupation de l’espace, développement urbain, campagnes, administration militaire, infrastructure


Des axes de communication parcourus par des charrettes : une révolution au début du XXe siècle
(Photo JMLebigre)

Référence :
Lebigre, J.-M., 2014.- Les fondements historiques de l’organisation territoriale du Grand Sud de Madagascar. in : Charlery de La Masselière B., Calas B. (dir.),  A la croisée du transect. De la montagne à la ville. Eloge d'une géographie tropicale traversière. Toulouse et Bordeaux, Presses Universitaires du Mirail / Presses Universitaires de Bordeaux : 287-300. 

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