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mercredi 22 février 2017

Carte de la déforestation à Madagascar de 1990 à 2010




Les taux de déforestation à Madagascar de 1990 à 2010 sont en moyenne de 13,4% si l'on en croit les statistiques du MEFT, USAID, CI, 2009 ; ONE, 2013 (1). Ce chiffre couvre de profondes disparités : dans l'Itasy 94,3 % des boisements, pourtant très réduits, en 1990 ont disparu ; par contre dans le Bongolava, le taux descend à 2,9 %. Ce sont ces disparités que fait apparaître la carte. Il est intéressant de comparer cette carte avec la page précédente qui montre la part qu'occupent les forêts dans l'espace de chaque région. En dépit de l'exploitation illégale de bois de rose, l'Analanjirofo est privilégié. Dans les années 80, on nous prédisait la disparition de toutes les forêts autres que cultivées à la surface du globe dans un laps de temps réduit. Il n'en est rien mais le sursis reste bien faible.

(1) MEFT, USAID & CI, 2009. Evolution de la couverture de forêts naturelles à Madagascar. 1990 - 2000 - 2005. Conservation internationale (CI), Ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme (MEFT)
 ONE, 2013.  L’évolution de la couverture forestière naturelle à Madagascar, 2005-2010.


mercredi 15 février 2017

La part d'espace forestier par région à Madagascar, 1990 et 2010

La forêt du Boeny littoral

Sur les deux cartes, on voit la nette opposition entre les Hautes Terres et le pourtour de l'île. Il faut cependant bien prendre en compte que sous cette apparente uniformité, la réalité est celle de types de végétation aussi différents que peuvent l'être les forêts pluviales de l'Est et les boisements à succulentes du Sud-Ouest et du Sud. Bien que la déforestation soit générale à Madagascar de 1990 à 2010, la discrétisation faite à partir des données ONE (2013) réussit surtout à mettre en lumière le phénomène sur les Hautes Terres. Là, les taux particulièrement faibles tendent en effet à empirer. On s'aperçoit aussi que la déforestation est assez clairement visible sur la côte Est. Pour améliorer la lisibilité, on peut comme l'ONE se servir des images satellitaires pour comparer. Une autre méthode consiste à utiliser les taux de déforestation annuels.  C'est ce que nous ferons prochainement.



jeudi 25 février 2016

Stalactites et rôle ancien des hommes dans la déforestation de Madagascar

Le littoral entre Betsiboka et Mahajamba : une forêt sèche en lambeaux
 
On s'en doutait mais on n'en avait pas la preuve absolue : ce sont les hommes, particulièrement les éleveurs, qui sont responsables du grand mouvement de déboisement touchant l'ensemble de Madagascar et datant d'environ 1 000 ans (XIe siècle). Les feux allumés par l'ancienne population seraient le principal responsable de la destruction des forêts originelles et le déclencheur de l'extinction de la mégafaune, et non le changement climatique comme certains l'ont affirmé, nous disent des chercheurs réunis autour de Stephen Burns (2016). On fait d'ailleurs souvent référence dans la mythologie malgache à l'afotroa, le feu mythique qui ravaga toute l'île laissant des charbons de bois en stratigraphie. 
 
Pour cela deux stalactites d'un mètre de long ont été prélevées dans la grotte d'Anjohibe (voir article) puis ont été envoyées au MIT pour une étude détaillée. Là, les chercheurs les ont soumises à une analyse isotopique, comparant la quantité et le type de carbonate de calcium. Cela a permis de mettre en évidence un changement radical, complet et soudain de leur composition. A l'origine les isotopes de carbone dans les stalagmites sont en lien avec des arbustes et des arbres poussant à la surface du sol ; un nouveau rapport isotopique compatible avec les prairies a remplacé le premier en seulement un siècle tandis que les précipitations restaient largement les mêmes. Voilà donc des données fondamentales.

On notera qu'aujourd'hui aussi, certains voudraient faire passer le changement climatique comme responsable de  tous les problèmes de la population malgache en évitant soigneusement de mettre en avant la surexploitation des ressources et les erreurs de gestion de l'environnement.

Référence
Burns, Stephen J., Laurie R. Godfrey, Peterson Faina, David McGeed, Ben Hardt, Lovasoa Ranivoharimanana, Jeannot Randrianasy, 2016. Rapid human-induced landscape transformation in Madagascar at the end of the first millennium of the Common Era. Quaternary Science Reviews, Volume 134, 15 February 2016 : 92–99.

samedi 10 octobre 2015

Le changement climatique à « Toleara » (1) ou comment « Le Monde » sombre dans les lieux-communs



Le Grand Sud de Madagascar est particulièrement photogénique. Un article du 10 octobre 2010 de Le Monde.fr  de Sébastien Hervieu intitulé « Madagascar, terminus des cyclones » nous en donne encore la preuve. Pour le reste, il s’agit d’un ensemble de lieux-communs popularisés depuis quelques années par certaines ONG et administrations malgaches.

Nous éviterons de tomber dans cette manière de faire en prenant soin de ne pas développer des idées comme celle qui consiste à dire que le changement climatique est pour ces ONG « un enjeu qui rapporte gros » ou celle qui consiste à voir dans la main mise anglo-saxonne dans la gestion des aires protégées, source de  graves conflits avec la population rurale excédée, « une nouvelle colonisation ». En effet, ce type d’affirmation, trop répandu, n’a à ma connaissance que des fondements insignifiants.  

Le titre « Madagascar, terminus des cyclones » offre au lecteur une image éloignée du contenu de l’article en fait consacré aux espaces méridionaux de la Grande Ile. Certes de très nombreux cyclones du Sud-Ouest de l’Océan Indien terminent leur parcours en entrant à l’intérieur des terres de la Grande Ile mais il existe des exceptions. Quant à la volonté de nous faire croire que tous les cyclones tropicaux aboutissent à Madagascar, je refuse de penser que l’auteur se soit ainsi fourvoyé, en dépit de l’ambigüité de cet intitulé et de la contradiction liée à la présentation d'Haruna comme un phénomène exceptionnel.

Une forte croissance démographique dans une région rurale pauvre

Il y a ambigüité également dans de nombreuses formules mais cette fois il me semble qu’il y ait une volonté réelle d’induire en erreur le lecteur. Ainsi dans le prologue, « disparition de la mangrove » est une formule qui donne à croire que la mangrove malgache est en voie de disparition. Certes les dégradations sont fréquentes mais comme cela a été montré dans le blogue « Mangrove Mangals » la mangrove malgache, loin d’être menacée de disparition,  joue un rôle économique important et  prograde rapidement en maints endroits.

L’article souffre de nombreuses approximations comme celle qui consiste à voir dans des changements mineurs d’ordre sédimentologique un effet du changement climatique. Ou en montrant le creusement de vovo (puits) dans les lits sablonneux des fleuves comme des phénomènes nouveaux.

L’allongement de la durée de la sécheresse dans le Sud est un phénomène difficile à mettre en évidence tant la crise sociale et environnementale a un caractère systémique dans cette région soumise à un climat subaride depuis quelques millénaires. Les choses sont en revanche plus claires en ce qui concerne l’élévation des températures dont des publications ont montré qu’elle ne touchait pas le Sud de Madagascar il y a quelques années (2) au moment où le WWF prétendait exactement le contraire. Bien avant les débuts de la colonisation française, le Sud était affecté par de nombreuses sécheresses à l’origine de kere ou disettes. Le phénomène se poursuit malheureusement touchant des populations de plus en plus denses du fait d’une croissance démographique.

On essaie de nous « vendre du changement climatique » alors que le phénomène de très loin le plus préoccupant  est celui de la pression sans cesse accrue sur les ressources naturelles. En dépit d’un mouvement migratoire continu d’une partie de la population du Sud vers d’autres régions plus septentrionales de Madagascar, la population des régions concernées par un climat subaride (générant donc une forte variabilité climatique interannuelle) ne cesse d’augmenter. Les centres urbains eux ne créent pas d’emplois se cantonnant à la gestion administrative des entités territoriales. Pour survivre, on surexploite les lagons et les récifs coralliens, et on détruit le précieux couvert végétal xérophile. Les tours-opérateurs font croire, grâce à des images de dunes littorales, que le Sud est un désert. C’est faux mais pour combien de temps au rythme où vont les destructions (3) ?

(1) L’administration malgache n’a toujours pas choisi entre Toliary et Toliara, transcrits en français par Tuléar. Toleara en revanche n’existe pas.

(2) Lebigre, J.-M. et Montel, Y., 2012.- Vers une aggravation de la crise de l’eau dans le Sud semi-aride de Madagascar ? Dynamiques environnementales, 29 : 81-90.
Tadross M., Randriamarolaza L., Rabefitia Z., Zheng K.Y. - 2008 - Climate change in Madagascar; recent past and future. Washington DC., Banque mondiale, 18 p.
Vallet-Coulomb C. et al., - 2006 - Hydrological modeling of the tropical closed Lake Ihotry (SW Madagascar) : sensitivity analysis and implications for paleohydrological reconstructions over the past 4000 years. Journal of Hydrology, 331 : 257-271.
Vincent L.A. et al. - 2011 - Observed trends in indices of daily and extreme temperature and precipitation for the countries of the western Indian Ocean, 1961–2008, J. Geophys. Res., 116.

(3) Lebigre J.M. (à paraître). Petite encyclopédie du Grand Sud de Madagascar. PUB, Pessac: Coll. Dynamiques environnementales, A la Croisée des Sciences, 400 p.  




mercredi 9 juillet 2014

L'érosion à Madagascar en images sur Google earth


L'érosion, un fléau ? Sans aucun doute. Mais même dans la pire catastrophe, il existe un aspect esthétique qui n'échappe pas à certains, notamment les enfants. Ici, vous trouverez quelques belles images de l'érosion à Madagascar, choisies sur Google earth.

La terre lacérée par le passage des charrettes sur un versant

Hautes-terres : un ensemble de lavaka actifs : turbidité rouge du cours d'eau
Lavaka anciens  fossilisés par la végétation ligneuse
Bombetoka : formation d'un banc de vase colonisé par la mangrove
Barkhanes dans le delta de la Linta

samedi 9 novembre 2013

Comment on fabrique le désert à Madagascar

Même si on y trouve de belles dunes littorales vives, le Sud-Ouest de Madagascar, n'en déplaise à certains guides touristiques, n'appartient pas au domaine aride. Par contre la désertification par destruction d'un ancien couvert végétal à forte biodiversité y bât son plein. Pendant que les organismes internationaux dépensent moult argent pour démontrer que la principale menace terrestre est le réchauffement climatique, la pression démographique et la mondialisation font leur oeuvre à une vitesse fulgurante. Le causse que l'on observe ici, celui de Belomotra, était complètement couvert de fourré xérophile à Didiereaceae en 1986, voire bien plus tard (seconde diachronie). En 2003, le déboisement a fait des ravages (première diachronie). En 2013 ne subsistent que quelques lambeaux de fourré sur fortes pentes ; le ruissellement emporte les maigres sols.

Un causse au bord de l'Onilahy en aval de Tongobory, Google earth octobre 2003 (saison sèche)
Ce même causse en 2013, Google earth février 2013 (saison des pluies)
Seconde diachronie : le causse en 2004
Le causse en 2009