vendredi 31 janvier 2014

Antsofi­nondry, commune de Sabotsy Namehana

18°49'S, 47°33'E

Où est donc né le Président Hery Rajaonarimampianina qui vient d'être intronisé à la présidence de la République de Madagascar ? Certains médias ont opté pour Manjakandriana, ville située à 43 km à l'est de la capitale (mais dont on nous dit qu'elle est au nord !). Cependant si on consulte le site de son tout petit parti, Hery Voavoaho an'i Madagasikara (jeu de mot : Nouvelle force ou Nouvel Hery), à la rubrique presse, un communiqué de presse nous apprend que le candidat a fait en septembre un court séjour dans sa commune natale de Sabotsy Namehana (en argot Sabnam ou Mpinamm : Sambo, 2001), où il a vécu modestement jusqu'à son adolescence incluse. Il est en fait né en 1958 dans un des 22 fokotany de cette commune rizicole de 63 000 habitants située sur la RN3 à une quinzaine de kilomètres au nord d'Antananarivo, non loin du célèbre rova d'Ambohimanga, à Antsofi­nondry.  
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Sabotsy Namehana, image satellitaire Google earth de 2012
Antsofinandry, image satellitaire Google earth de 2012

mardi 28 janvier 2014

L'étude d'impact de CES sur le projet World Titanium Resources de Ranobe

Coastal & Environmental Services, 2013.-  Version préliminaire d’étude d’impact environnemental et social. Projet minier World Titanium Resources de Ranobe, Région sud-ouest, Madagascar. Grahamstown (Afrique du Sud), 16 volumes. 


En avril 2003, le bureau d’étude sud-africain Coastal & Environmental Services (CES) a réalisé une étude de préfaisabilité du gigantesque projet minier d’extraction de l’ilménite de Ranobe, dans le Sud-Ouest de Madagascar, à la demande de World Titanium Resources, une compagnie minière australienne (Mount Claremont, Western Australia). Une grande partie des documents restés confidentiels est aujourd'hui accessible sur internet en anglais et en français sous formats  PDF et MS Word : http://cesnet.co.za/ranobe.html

Le volume principal (537 p. + 41 p. H.T.) correspond à la description générale du projet de mine de Ranobe et à celle de l'environnement de Tuléar à Morombe. Ce gros rapport fait la synthèse des impacts environnementaux et sociaux et discute des risques environnementaux et socio-économiques liés au projet. Il est rappelé que le projet initial était dû à la compagnie Exxaro Resources qui a réalisé à partir de 1999 l’exploration et une première étude de faisabilité.
Sur la plage "faly" de la Batterie, le futur site du wharf.  Les "dunes en croissant" du rapport sont en fait des barkhanes ! (Photo JMLeb -1989)
S’y ajoutent 15 documents spécialisés :
  • « Analyse de la qualité de l’air » (95 p.)
  • « Rapport botanique de spécialiste » (104 p.)
  • « Evaluation de l’impact social » (108 p.)
  • « Evaluation de référence de la faune » (91 p.)
  • « Evolution de l’impact sur l’ichtyologie et l’habitat aquatique* » (33 p.)
  • « Evaluation d’écologie marine et de pêche » (83 p.) réalisée par Chalmers et Hardy.
  • « Etude du transport sédimentaire (25 p.) réalisée par Prestedge Retief Dresner Wijnberg, Le Cap
  • « Rapport du bruit » (16 p.)
  • « Evaluation des rayonnements » (93 p.)
  • « Stratégie de réhabilitation et de compensation. Vers un plan d’action pour la biodiversité » (39 p.) réalisé par T. Martin and L.A. de Wet.
  • « Déchets et eaux usées » (48 p.)
  • « Evaluation d’eau pour* » (23 p.) réalisée par Aquaterre.
  • « Utilisation des terres et ressources naturelles » (59 p.) peu de références mais elles sont en français
  • « Evaluation de l’impact visuel » (64 p.)
  • « Economic Assessement Report » (50 p.)
 * intitulé à revoir ! 

Il s’agit de rapports de bureaux d’études, réalisés par des consultants compétents et expérimentés dans leur discipline. On y trouvera donc des éléments de connaissance intéressants, ne serait-ce que le regard neuf de Sud-Africains ne parlant ni le malgache, ni le français et n’ayant jamais eu de contacts avec cette région. Si l’abondante illustration est généralement excellente, on n’est pas surpris par les bibliographies qui montrent que leurs auteurs, à quelques exceptions près, n’ont guère fait d’efforts pour accéder aux données de base sur la région de Tuléar. Et si le sentiment après lecture de la synthèse qu’il y a davantage de délayage que d’apports originaux, il serait de mauvais goût d’oublier ces derniers, bien réels notamment dans des domaines où aucune étude n’avait été faite jusqu’à présent. 

Ce gros projet n’était a priori guère rassurant, connaissant la compétence des entreprises australiennes pour dégrader l’environnement de leur pays. Il y avait donc là une occasion de démontrer la volonté d’aller dans une direction plus appropriée. En fait de nombreuses recommandations de bon sens sont faites, à commencer par celles d’engager des études approfondies dans de nombreux domaines lacunaires. Reste à savoir si ces recommandations seront effectivement suivies ce que ce rapport ne peut bien sûr nous dire.

samedi 25 janvier 2014

Paysages dermiques : l'art traditionnel du tatouage dans le Sud malgache

A Madagascar, un patrimoine a complètement disparu : celui des tatouages traditionnels. L'Ouest et le Sud de la Grande Ile ont bien résisté mais peu à peu l'art malgache du tatouage s'est évanoui. Cependant grâce à un administrateur / scientifique remarquable, Raymond Decary, nous avons droit à un panorama du phénomène tel qu'il se présente un peu avant 1935 (1). A cette époque, il n'y a pas trace de tatouages en Imerina, ce qui ne signifie pas forcément qu'il n'y a jamais rien eu. En pays Betsileo et en pays Betsimisaraka, il n'y a déjà presque plus rien. Par contre dans le Sud, le tatouage s'enrichit de l'écriture romaine qui permet de graver des noms sur la peau de ceux qui le veulent bien. Le tatouage dans cette partie de Madagascar se pratique de manière originale : on pique la peau avec des épines d'oponces (des Cactaceae introduites), puis on frictionne la plaie avec une décoction de poudre de charbon de maïs ajoutée aux sucs de différentes plantes à fort pouvoir tinctorial. Quand la cicatrisation est terminée, apparaît alors un dessin bleuté qui va avoir tendance à s'effacer au fil des ans. Les femmes sont les plus concernées par cet art profane (certaines étaient couvertes sur tout le corps) mais de nombreux hommes s'y prêtent également. Il existe de multiples variations géographiques de motifs, de choix des parties du corps. Le vocabulaire lui-même est riche des termes qui désignent les motifs : figures géométriques, animaux, hommes parfois, figures du sikily, cet art de la divination venu du Nord. A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, le tatouage n'est plus à la mode : les églises catholique et protestante ne doivent pas témoigner davantage d'enthousiasme que l'administration. Pire, être tatoué fait "paysan" (ou "paysanne") suggère Decary, qui n'a aucune tendresse pour les gens du Sud qu'il décrit comme des rustres sans peur de se contredire. Cependant, grâce à lui, il y aura certainement un jour un renouveau du tatouage traditionnel malgache.

(1) Decary, Raymond, 1935.- Les tatouages chez les indigènes de Madagascar. Journal de la Société des Africanistes, 5-1 : pp. 1-39

Article d'abord sorti sur Paesaggio, paysages le  13 février 2013


mercredi 15 janvier 2014

Dynamiques littorales de 2003 à 2013 dans la ville de Tuléar

Nous sommes à Besakoa, un des quartiers situés au nord-ouest de Tuléar (Toliara) et néanmoins très proches du centre. C'est à proximité que doit être créé le wharf de World Titanium Resources qui permettra d'exporter le concentré de minerai extrait à Ranobe. Grâce à deux images satellitaires mises à disposition par Google earth (février 2003 et mars 2013), nous voyons les dynamiques en cours :
dynamiques liées aux activités humaines
- la ville continue à progresser au dépens de la partie supérieure de l'estran grâce à de petits remblais ;
- les salins progressent par défrichements aux dépens de la mangrove ;
dynamiques naturelles
- la ligne de rivage se transforme : plus au nord (plage de la Batterie), elle recule ; au niveau du crochet, elle progresse vers le Sud ; 
- les dunes continuent à recouvrir une partie de la mangrove donnant des faciès surprenants d'Avicennia sur dune (Lebigre, 1990) ;
- la mangrove si elle régresse dans certains secteurs, progresse dans d'autres, en l'occurrence près de l'ancienne jetée. 

Le passage du cyclone Haruna qui a inondé et détruit une partie des maisons situées dans ce secteur remet en cause les pratiques urbaines du passé, mais vu la pauvreté généralisée, cela ne va pas provoquer le grand changement de mentalité nécessaire.

Croquis de synthèse
Image 2003
Image 2013 juste après le passage d'Haruna
Besakoa

lundi 6 janvier 2014

Changement de cours du Fiherenana en vue aérienne

Le 6 mai 1989, je fais un survol de la région de Tuléar sur un avion loué à la TAM. Cela me permet de photographier le changement de cours du fleuve Fiherenana qui a eu lieu quelques mois plus tôt, pendant la saison des pluies 1988-89. L'ancien cours se présente comme une vaste traînée de sable du pont de Belalanda à la mer, à l'ouest du delta. Le nouveau cours, intermittent comme le précédent, débouche sur la plage de la Batterie.Par chance le phénomène a eu lieu juste en aval du pont qui permet d'aller de Tuléar à Ifaty.

De l'amont vers l'aval

De l'aval vers l'amont

dimanche 5 janvier 2014

Antananarivo : la Renault 4L tient le coup

Avec La Havane, Tananarive est une de ces villes du monde où les modèles anciens de voitures résistent bien aux ans. C'est le cas de cette magnifique voiture populaire qu'est la Renault 4L. On doit certainement ce phénomène à la faiblesse du niveau de vie moyen à Madagascar, mais plus encore à l'habileté de ces merveilleux mécaniciens malgaches que l'on rencontre à tous les coins de rue ainsi qu'au doigté des chauffeurs de ces modèles automobiles transformés en taxis.

Photo Jean-Michel Lebigre, tous droits réservés