lundi 15 décembre 2014

Grande Ile ou archipel ? Quelques petites îles du Sud-Ouest

Madagascar, la Grande Ile, est au centre d'un archipel. On pense bien entendu à Nosy Be et à Sainte-Marie, oubliant les nombreuses autres îles (nosy en malgache) plus petites. La plupart sont habitées par des pêcheurs quand on peut résoudre le problème de l'approvisionnement en eau douce et lorsque des faly (interdits) n'empêchent pas certains actes vitaux (manger par exemple). Parmi elles, il y a des cayes (dépôts coralliens sur un récif), mais d'autres sont constituées de corail soulevé. Du sud vers le nord, Google earth nous permet d'observer minutieusement ces îles qui ne sont pas à vendre.

Nosy Manitse, une île parfumée... et cultivée
          
Nosy Satrana, une morceau très sec de la Grande Ile, où poussent les palmiers                               
Face à Anakao, Nosy Ve, un comptoir français avant la colonisation
Nosy Hao, l'île aux poux ou Murder's Island, une annexe d'Andavadoaka ? 

Nosy Ratafanika, aux nombreux pêcheurs
Proche de Morombe, Nosy Lava (île longue)









vendredi 12 décembre 2014

Paysages « appalachiens » du Sud malgache

Les paysages les plus continentaux du Sud de Madagascar sont rythmés par les barres et dépressions parallèles qui caractérisent les reliefs dits appalachiens. Cela ne concerne que les parties métamorphisées du socle en structure plissée. L'existence de binômes de résistance est cruciale. Un ancien aplanissement a été suivi par la mise en relief par l'érosion des roches dures organisées en barres. Les dépressions creusées dans les roches tendres correspondent aux secteurs cultivés ou exploités par les agro-pasteurs tandroy, bara et mahafaly.

Croquis, bloc 3D : relief appalachien

Un accès aisé à l'imagerie satellitaire grâce à Google earth permet de découvrir ces paysages construits dans un contexte semi-aride à qui les différentes Cultures locales donnent une forte identité. Impossible de confondre avec les Appalaches ou le massif Armoricain ! Chaque village vit à l'écart du monde en multiples enclos protégés par des haies d'oponces et d'agaves.





Vus du ciel, apparaissent de magnifiques plissements arasés issus de synclinaux, dont le coeur s'érige parfois en inselbergs.






mercredi 3 décembre 2014

Le saphir d'Ilakaka via Google earth

L'imagerie satellitaire permet de suivre facilement une partie des dynamiques environnementales et sociales du Monde ... à condition d'avoir des images récentes susceptibles d'être comparées à des images plus anciennes (diachronie). C'est ce qu'offre Google earth pour d'immenses espaces de Madagascar. Une chance incroyable pour celui qui s'intéresse au saphir d'Ilakaka. 
Le repérage des zones d'exploitation artisanale repose sur l'identification d'espaces criblés de petits cratères (puits entourés de rejets de terre). Nous n'avons pas pris en compte des terrains qui semblent décapés au bulldozer et qui correspondent à une exploitation moderne. 
Un espace criblé de petits puits (Taheza, 2012)
Pour le voyageur de passage, ce dernier donne l'impression d'être l'objet d'une exploitation limitée à la nationale 7. En fait, les images permettent de voir qu'il existe quatre grands secteurs d'exploitation correspondant à des cours d'eau :
- l'Ilakaka ;
- la Maninday (bassin du Fiherenana) ;
- la Haute-Malio (bassin du Mangoky) et l'Andranobilahy (bassin de l'Onilahy) ;
- la Haute-Taheza (bassin de l'Onilahy).
Ce dernier secteur s'étire sur un quarantaine de kilomètres de long et parfois quelques kilomètres de large. De 1997, début de la ruée vers le saphir à 2009, les espaces d'exploitation gagnent rapidement du terrain. Depuis 2009, on note un ralentissement mais la dynamique est en route (exemples 1, 2 et 3). Les conséquences sur l'environnement sont désastreuses : l'érosion, déjà intense dans ce Moyen-Ouest pastoral, s'est accrue, multipliant ravines et dépôts boueux. 

Les secteurs d'exploitation








 Exemple 1 (2002-2013)


Exemple 2 (2009-2012)

                                                                                 Exemple 3 (2009-2012)




mercredi 26 novembre 2014

Quelques accès à des cartes sur Madagascar

D'une manière générale, lorsque l'on souhaite accéder à des cartes topographiques ou thématiques, tout le monde sait qu'il suffit d'ouvrir une recherche sur Google Image : "Madagascar carte (thème)". Vous vous êtes cependant aperçu que les résultats de votre recherche, même s'ils donnent des résultats incontestablement utiles, passent souvent à côté de documents fondamentaux et vous noient sous un tas d'images sans intérêt. Voici quelques adresses indispensables qui seront éventuellement complétées prochainement par d'autres.

The University of Texas at Austin :
Madagascar est un parent pauvre de cette célèbre cartothèque.

Maps for the world
Feuilles téléchargeables de la carte de Madagascar au 1:500 000 réalisée par l'armée russe
Défaut : recherche difficile.

Weather-forecast.com
 cartes météo et cartes de relief imitation 3D.

Cartothèque de l'IRD
nombreuses cartes thématiques, notamment de nombreuses cartes des sols.
Excellente résolution.
liste des cartes

1886 Collections patrimoniales numérisées de Bordeaux Montaigne
Une très belle collection des premières cartes topographiques de Madagascar (1890-1914)
Défaut : classement provisoirement déficient. 

Atlas numérique des aires protégées de Madagascar
Par région, au format PDF
Excellent
Accès à tous les atlas


Gallica - Bibliothèque Nationale de France
De nombreuses cartes anciennes scannées et des cartes illustrant des ouvrages anciens. Toutes de bonne résolution et chargeables en jpg. Exemple :Madagascar 1894


Madagascar Library
Site commercial. Pour un aperçu des 1:100 000 du FTM (faible résolution).

Extrait de la feuille Majunga (carte de 1899) 
Propriété : collection 1886 Bordeaux Montaigne



dimanche 2 novembre 2014

Le delta du Mangoky ou Volirano

Le Mangoky est le second fleuve de Madagascar par sa longueur (820 km) et son bassin. Il aboutit dans le Canal de Mozambique s'étalant dans un delta, le plus grand du pays (environ 2 000 km2). Y vivent principalement des groupes de culture masikoro et de nombreux migrants. Les densités sont faibles et la mise en valeur embryonnaire, si on excepte la Samangoky à Tanandava, expérience coloniale aux résultats décevants.

Imagerie satellitaire : le secteur d'Ambohibe
Imagerie satellitaire : le secteur de Tanandava
Imagerie satellitaire : le secteur de Tanandava, détail

vendredi 31 octobre 2014

Androy, Anosy, Atsimo Andrefana, les 3 régions du Sud en cartes

Sur 114  000 km2, vivent pauvrement plus de 2 500 000 personnes. Cette population se partage entre 15 districts ou fivondronana




dimanche 26 octobre 2014

Alluaudia montagnacii à Itampolo

Voilà une des plantes les plus fantastiques de Madagascar, baobabs inclus. Le genre Alluaudia comme toutes les autres plantes de la famille des Didiereaceae sont endémiques du Sud-Ouest de la Grande Ile. Alluaudia montagnacii Rauh est micro-endémique de la région d'Itampolo. Son nom fait référence au botaniste français Montagnac. L'extrémité des tiges est curieusement ployée face au vent. Les photos ont été prises sur les sables rubéfiés de la Grande dune tatsimienne qui oblitèrent le causse mahafale. Ces individus sont très vieux sans que l'on sache leur âge. Leur croissance dans cette ambiance semi-désertique est très lente. La couleur rouge de l'image Google Earth correspond donc bien à la réalité. Il s'agit de champs vala entourés d'épineux introduits. Ce qui apparait en gris correspond au fourré xérophile à Didiereaceae. 
 


Image satellitaire via GE : la dune tatsimienne
 

Anémomorphose sur un vieux tamarinier de Tuléar

Le phénomène d'anémomorphose [du grec anémos (άνεμος) : le vent, morphos (μορφος) : la forme] consiste en une modification de la forme d'une plante sous l'effet du vent. Cela suppose que le vent souffle régulièrement dans une même direction pendant la plus grande partie de l'année. C'est le cas au bord du Canal de Mozambique, à Tuléar où souffle le tsiokatsimo en provenance du Sud. Sur les dunes littorales, se trouve cet extraordinaire tamarinier (Tamarindus indica, Fabaceae) sculpté par le vent. Le déséquilibre est tel que l'on redoute la chute de l'arbre ! 


lundi 29 septembre 2014

Les sols de Madagascar

Les sols de Madagascar présentent une certaine diversité, en relation avec la multiplicité des substrats géologiques et le grand nombre de nuances climatiques régionales. La cartographie pédologique doit beaucoup aux chercheurs de l'ORSTOM, aujourd'hui IRD. De nombreuses thèses ont été soutenues dans ce cadre. Bien connaitre les sols permet notamment de mieux en tirer partie sans les dégrader. 

Bibliographie sommaire :
BOURGEAT, F., 1972.- Contribution à l'étude des sols sur socle ancien à Madagascar. Types de différenciation et interprétation chronologique au cours du Quaternaire. Mémoire ORSTOM, 57, 335 p. 
BOURGEAT, F., AUBERT, G., 1971.- Les sols ferralitiques à Madagascar. Tananarive, ORSTOM, 36 p.   
HERVIEU, J., 1958.- Notice sur la carte pédologique de reconnaissance au 1 : 200 000e, feuille n°64, Ambovombe, Publ. IRSM, Tanananrive, 70 p. 
HERVIEU, J., 1959.- Notice sur la carte pédologique de reconnaissance au 1 : 200 000e, feuille n°63, Ampanihy-Beloha, Publ. IRSM, Tanananrive. 
HERVIEU, J., 1968.- Contribution à l'étude de l'alluvionnement en milieu tropical. Paris, Mémoire ORSTOM  n° 24, 465 p., 1 carte H.T. 
RIQUIER, J., 1968.- Carte pédologique de Madagascar : à l'échelle de 1:1 000 000e. ORSTOM : 3 feuilles. 
SOURDAT, M., 1970.- Carte pédologique de Tuléar Ambohimahavelona à 1:10 000e. Tananarive, ORSTOM, notice, 67 p. 
SOURDAT, M., 1977.- Le Sud-Ouest de Madagascar : morphogenèse et pédogenèse. Travaux et Documents de l'ORSTOM, 70, 212 p. et 32 annexes. 
ZEBROWSKI, C. & RATSIMBAZAFY C., 1979.- Carte pédologique de Madagascar à 1 : 100 000e - feuille Antsirabe. Paris, ORSTOM, notice 83, 104 p. 
ZEBROWSKI, C., 1967.- Basse vallée et delta de la Tsiribihina. Notice explicative de la carte pédologique au 1 : 100 000e . Tananarive, ORSTOM, 64 p.
 


Un exemple de sol

dimanche 28 septembre 2014

L'insurrection de 1947 à Madagascar en films

L'insurrection de 1947 à Madagascar et sa terrible répression par les forces coloniales ont fait l'objet de deux documentaires de qualité et d'une reconstitution de la vie d'un village sous la forme d'un excellent film. Bien sûr, chacun restera juge, le sujet restant encore aujourd'hui polémique. 

"L'insurrection de l'Ile Rouge", documentaire de 57 minutes réalisé par Danièle Rousselier, a été diffusé pour la première fois sur Arte-La Sept en 1997. On trouve la vidéo présentée par Alexandre Adler (1) sur You Tube.

(1) journaliste français très contesté et on comprend pourquoi : sa présentation de Madagascar est ici particulièrement maladroite.


Le film de 80 minutes de Raymond Arnaud intitulé "L’insurrection de 1947, une étape de la décolonisation à Madagascar", plus récent (2010), ne semble pas figurer sur You Tube. Il s'agit pour l'essentiel des précieux témoignages de personnes ayant vécu les évènements. Le film a été présenté en mai 2012 à l'université d'Antananarivo.

Le film  de Raymond Rajaonarivelo, "Tabataba" (1989), raconte sobrement l'insurrection vue à travers les yeux de Solo dans le village isolé de Tanala dramatiquement touché par la répression comme tant d'autres dans l'Est. On a parlé à son sujet de chef-d'oeuvre. 


jeudi 25 septembre 2014

Mort d'une artiste : Rasoa Kininike nous laisse sur la rive

Née en 1978 à Tongobory, dans l'Atsimo-Andrefana sur le fleuve Onilahy, Rasoa Kininike est décédée en cette fin de mois de septembre 2014 dans un accident routier, non loin d'Antsalova. Sa voix au timbre si envoûtant et son art de la danse en avaient fait une des plus célèbres artistes de tsapiky du Grand Sud. 

 Rasoa tsy anjara

Mipiola

Tsy mivola 
Manambaly mampirafy
Tsara tso'drano

Vita bornage


samedi 13 septembre 2014

Tuléar 1935-1940 : quelques séquences en noir-et-blanc

Un particulier a eu la bonne idée de mettre sur You Tube,  sous forme de courtes vidéos, plusieurs séquences de la vie de Tuléar et de quelques autres lieux du Sud malgache pendant la colonisation (1935-1940). 
On trouvera l'ensemble de ces petits films (plus d'une vingtaine) sur la page Films anciens ou sur You Tube Sorcelor. Leur auteur est une personnalité connue, restée quelques années dans la région : Maurice Camoin, un architecte reconverti dans la production agricole. Son fils Marcel, aujourd'hui âgé, est l'auteur des brefs commentaires ; c'est lui qui a souhaité mettre ces films sur Internet. Qu'il en soit vivement remercié. Il ne s'agit en aucun cas de documents scientifiques mais d'une matière brute où l'on voit quelques aspects de la vie familiale de colons français et de leurs enfants. D'autres thèmes sont traités comme :
- la construction du wharf de Tuléar ;
- un ringa en Ibara ;
- un combat de zébus ;
- un 14 juillet ;
- une fête betsileo
- une fête karany ; 
- l'égrenage du maïs ; 
- l'aéro-club et les premiers avions ; 
- la traversée du  Fiherenana en filanzane et en charrette. 
Ces documents d'apparence anodine sont précieux pour se remettre dans l'ambiance coloniale. Chacun pourra se faire une opinion et mieux comprendre pourquoi l'indépendance était inéluctable. 


dimanche 7 septembre 2014

Le meilleur de la musique du Sud malgache


Le Sud de Madagascar offre à l'amateur de rythmes une extraordinaire diversité musicale à forte valeur identitaire. Cette région connait en effet actuellement une vague de créativité inconnue ailleurs. Les rythmes du Sud sont portés par de grands artistes, des personnes simples et spontanées, souvent trop mal connus en dehors de leur pays. Cette page permettra peut-être de mieux les mettre en lumière. On trouvera ci-dessous des liens avec quelques unes des vidéos proposées par You Tube et Dailymotion. Il s'agit, pour l'essentiel, de tsapiky, ce genre musical qui s'est mis en place à Tuléar dans les années 80. Notre propos n'est pas de constituer un musée des spectacles les plus authentiques : dans le Grand Sud, les guitares électriques et l'accordéon ont désormais pris le pas sur les instruments traditionnels anciens. Ecoutez avec attention ces magnifiques mélodies, c'est une partie importante de l'âme des peuples du Sud malgache.

CLIQUEZ SOIT SUR LE TITRE DE LA CHANSON, SOIT SUR L'IMAGE YOU TUBE QUAND IL Y EN A UNE.
Voir aussi: Les meilleurs clips musicaux du Sud

 Tsapiky homecoming (14' HD Damily, Mallet, malgache & français, sous-titrage anglais)


Angéline et Jacqueline : Efa ela ihany  Séquence nostalgie 
Bedona & Befila : Benono  Dans l'ambiance d'une fête villageoise

Behaja : Kiefaefa    Un incroyable voyage en pirogue de stade en stade.
Black Nadia : Rom Boy

Claude Teta : musicien du Sud (entretien)
Claude Teta :  morceau de guitare

Claude Teta : Kabary lava : à écouter d'urgence.
ClaudeTeta : Mikabary
Dadah de Fort-Dauphin Mizaly : Dadah est un des meilleurs mélodistes malgaches.
Damily : Leçon de tsapiky Superbe.
Damily : Mahavelo Mitaha 
Damily : Mandia vay

Dedake : Manikiteka
Jeahibesele : jeahi22
Jeahibesele : Nimate



Jean Balsac : Velesy Tuléar Un document exceptionnel : ma préférée. 
Jean Balsac :Tsy maha et non Velesy

Jean-Maryse Rabesiaka (groupe Médicis) : Tsy misy roiroy 
Koike : Horake

Los Belia : Rekonda Un vrai document ethnologique.
Mario Badjio : Mionona Une très belle mélodie. 
Mario Badjio :Toliara Cet excellent chanteur mériterait d'être mieux connu. 
Mirasoa et Mangoratsaky : Ampela mamolava
Mizeha : Family Rasta
Mizeha : Mitingatinga Comment rester insensible ? 

D'Gary : Lagnana
D'Gary : Moramora
D'Gary : Very ny bado

Nhodas : Zaho le many
Onja : Masy
Pela & Mahavoaky Remola : Hafazaza Sakaraha
Rasoa Kininike : Manambaly mampirafy
Regis Gizavo : Tsikaholy Une de mes préférées.
Régis Gizavo : Malaso

Rebona zaza mihisa : Tsy manara-baly tezetse Rien que pour la voix incroyable du chanteur.

 Rivodoza : Samby raha teany gn'olo

Rodjizzy : Femme Un clip de qualité remarquable et un jeune chanteur d'avenir. 

Roger de Tuléar : Sakama
 
Saïd : Tealongo

Salala : Lanitra manga manga  Magie des choeurs acapella.
Tahiry : Tsipazo rano ****
Tearano : Hoy aba Une mélodie qui a déjà accroché des milliers de personnes..
Thierry D'Lhorombe : Remenabila   L'actualité sur un célèbre chef dahalo.
Tinondia & Vilon Androy : Ny reny
Tsiliva : Oh! le Tsiliva Une plongée dans le kilalake.
Tsiliva : Miavonavona
Theo Rakotovao : Mahatsiaro

Voir aussi : Tsapiky Toliara (choix de plus de 320 morceaux)

Ca y est, vous êtes convaincus ? Faites connaître la musique du Sud de Madagascar autour de vous et achetez les CD qui permettent à ces artistes de vivre. 

Première édition : 27 juillet 2013.  

vendredi 22 août 2014

Les vols de zébus à Madagascar, un phénomène ancien et meurtrier



De nombreux articles de presse alarmistes ont dénoncé le lourd bilan humain relatif à de récents vols de boeufs dans le Sud de Madagascar, le phénomène y étant présenté comme nouveau, au moins par son ampleur. On peut mettre cette erreur sur le compte de trous de mémoire, cette dernière n’étant pas la principale qualité de certains journalistes, notamment à RFI. Une autre explication, moins plausible, serait d’ordre politique : on voudrait accuser de tous les maux l’actuel président de la république malgache... comme on l’a souvent fait pour ses prédécesseurs. 
Il suffira de lire « Le journal de Robert Drury » pour comprendre qu’au XVIIIe siècle déjà les vols de boeufs constituaient une activité importante, « le sport favori des gens du Sud » selon l’expression d’un administrateur français de 1915. C’est là d’ailleurs un des ressorts de la main mise française sur le Sud autour de 1900 : bien des mpanjaka se soumettent à Lyautey parce que cela représente la manière la plus sûre de se débarrasser de leurs ennemis, voleurs de zébus et enleveurs de femmes. J.M. Hoerner (1982) a répertorié stratégies et motivations des voleurs. Du vol d’initiation des adolescents bara aux vols organisés par des équipes lourdement armées avec la complicité de certains élus et fonctionnaires  corrompus, il y a une large gamme de vols. Le Moyen Ouest est bien une sorte de Far West sans chevaux ou mieux, comme nous le présentait le Cinema Novo des années 60, un Sertão parcouru de cangaceiros. Comme ces derniers, les voleurs les plus traditionnels sont couverts d’amulettes et armés de pétoires de fabrication locale. Pour celui qui est pris sur le fait ou après une course-poursuite, c’est le plus souvent la mort. Mais ce sont aussi les assaillants qui tuent ou posent des embuscades meurtrières aux poursuivants. C’est parfois village, ou fokontany, contre village. L’Etat intervient sévèrement durant la colonisation puis par moments après l'indépendance. Au début des années 80, plusieurs massacres sont dénoncés par Monja Joana, le chef charismatique du Monima : 65 personnes jetées dans une fosse commune à Ankera Belamoty, 42 cadavres jetés dans l’Onilahy à Benenitra, 72 morts à Befandriana. Une de ces grosses bavures est confirmée par le Père Pesle, curé de Belamoty. Il s’agit pour l'essentiel de victimes attribuées à l’action des forces de l’ordre. En fait il y en a beaucoup plus, relevant soit de la férocité des voleurs, soit de celle des victimes des vols, et il faut y ajouter des maisons brûlées et des cultures saccagées liées aux cycles attaque-représailles.
F. Raison Jourde et G. Roy (2010 : p. 372) mentionnent qu'en 1974 les vols de boeufs se font à telle échelle que mille gendarmes, l'armée et les parachutistes sont mobilisés dans une grande opération dans l'Ouest.
 Le conflit qui a opposé sur la commune de Maromby, en mai 2014, les deux fokontany d’Andranondambo et d’Ambatotsivala et s’est traduit par 22 morts et un flux de réfugiés vers les communes proches n’est qu’un avatar de vieilles traditions belliqueuses.  Cela se traduit par un grand nombre de réfugiés à Amboasary. Rendre l’Etat malgache responsable du phénomène, c’est prendre le risque de donner corps à des dynamiques centrifuges  elles aussi très anciennes.

A lire : 
Hoerner, Jean-Michel, 1982.- Les vols de boeufs dans le Sud malgache. Madagascar, Revue de Géographie, 41 : 85-105.

Raison-Jourde, Françoise et Roy, Gérard, 2010.– Paysans, intellectuels et populisme à Madagascar : de Monja Joana à Ratsimandrava (1960-1975). Paris, Karthala, 487 p. 
Razafitsiamidy, Antoine, 1997.- Le vol de bœufs dans le Sud de Madagascar. Paris, INALCO, thèse de doctorat, 478 p.


Troupeau convoyé vers les Hautes Terres
Groupe de poursuivants de voleurs, armés de lances et de haches
Ambatotsivala (les présumés coupables de vols) Image Google, 2009
Andranodambo (les victimes du vol) Image Google