samedi 10 octobre 2015

Le changement climatique à « Toleara » (1) ou comment « Le Monde » sombre dans les lieux-communs



Le Grand Sud de Madagascar est particulièrement photogénique. Un article du 10 octobre 2010 de Le Monde.fr  de Sébastien Hervieu intitulé « Madagascar, terminus des cyclones » nous en donne encore la preuve. Pour le reste, il s’agit d’un ensemble de lieux-communs popularisés depuis quelques années par certaines ONG et administrations malgaches.

Nous éviterons de tomber dans cette manière de faire en prenant soin de ne pas développer des idées comme celle qui consiste à dire que le changement climatique est pour ces ONG « un enjeu qui rapporte gros » ou celle qui consiste à voir dans la main mise anglo-saxonne dans la gestion des aires protégées, source de  graves conflits avec la population rurale excédée, « une nouvelle colonisation ». En effet, ce type d’affirmation, trop répandu, n’a à ma connaissance que des fondements insignifiants.  

Le titre « Madagascar, terminus des cyclones » offre au lecteur une image éloignée du contenu de l’article en fait consacré aux espaces méridionaux de la Grande Ile. Certes de très nombreux cyclones du Sud-Ouest de l’Océan Indien terminent leur parcours en entrant à l’intérieur des terres de la Grande Ile mais il existe des exceptions. Quant à la volonté de nous faire croire que tous les cyclones tropicaux aboutissent à Madagascar, je refuse de penser que l’auteur se soit ainsi fourvoyé, en dépit de l’ambigüité de cet intitulé et de la contradiction liée à la présentation d'Haruna comme un phénomène exceptionnel.

Une forte croissance démographique dans une région rurale pauvre

Il y a ambigüité également dans de nombreuses formules mais cette fois il me semble qu’il y ait une volonté réelle d’induire en erreur le lecteur. Ainsi dans le prologue, « disparition de la mangrove » est une formule qui donne à croire que la mangrove malgache est en voie de disparition. Certes les dégradations sont fréquentes mais comme cela a été montré dans le blogue « Mangrove Mangals » la mangrove malgache, loin d’être menacée de disparition,  joue un rôle économique important et  prograde rapidement en maints endroits.

L’article souffre de nombreuses approximations comme celle qui consiste à voir dans des changements mineurs d’ordre sédimentologique un effet du changement climatique. Ou en montrant le creusement de vovo (puits) dans les lits sablonneux des fleuves comme des phénomènes nouveaux.

L’allongement de la durée de la sécheresse dans le Sud est un phénomène difficile à mettre en évidence tant la crise sociale et environnementale a un caractère systémique dans cette région soumise à un climat subaride depuis quelques millénaires. Les choses sont en revanche plus claires en ce qui concerne l’élévation des températures dont des publications ont montré qu’elle ne touchait pas le Sud de Madagascar il y a quelques années (2) au moment où le WWF prétendait exactement le contraire. Bien avant les débuts de la colonisation française, le Sud était affecté par de nombreuses sécheresses à l’origine de kere ou disettes. Le phénomène se poursuit malheureusement touchant des populations de plus en plus denses du fait d’une croissance démographique.

On essaie de nous « vendre du changement climatique » alors que le phénomène de très loin le plus préoccupant  est celui de la pression sans cesse accrue sur les ressources naturelles. En dépit d’un mouvement migratoire continu d’une partie de la population du Sud vers d’autres régions plus septentrionales de Madagascar, la population des régions concernées par un climat subaride (générant donc une forte variabilité climatique interannuelle) ne cesse d’augmenter. Les centres urbains eux ne créent pas d’emplois se cantonnant à la gestion administrative des entités territoriales. Pour survivre, on surexploite les lagons et les récifs coralliens, et on détruit le précieux couvert végétal xérophile. Les tours-opérateurs font croire, grâce à des images de dunes littorales, que le Sud est un désert. C’est faux mais pour combien de temps au rythme où vont les destructions (3) ?

(1) L’administration malgache n’a toujours pas choisi entre Toliary et Toliara, transcrits en français par Tuléar. Toleara en revanche n’existe pas.

(2) Lebigre, J.-M. et Montel, Y., 2012.- Vers une aggravation de la crise de l’eau dans le Sud semi-aride de Madagascar ? Dynamiques environnementales, 29 : 81-90.
Tadross M., Randriamarolaza L., Rabefitia Z., Zheng K.Y. - 2008 - Climate change in Madagascar; recent past and future. Washington DC., Banque mondiale, 18 p.
Vallet-Coulomb C. et al., - 2006 - Hydrological modeling of the tropical closed Lake Ihotry (SW Madagascar) : sensitivity analysis and implications for paleohydrological reconstructions over the past 4000 years. Journal of Hydrology, 331 : 257-271.
Vincent L.A. et al. - 2011 - Observed trends in indices of daily and extreme temperature and precipitation for the countries of the western Indian Ocean, 1961–2008, J. Geophys. Res., 116.

(3) Lebigre J.M. (à paraître). Petite encyclopédie du Grand Sud de Madagascar. PUB, Pessac: Coll. Dynamiques environnementales, A la Croisée des Sciences, 400 p.  




dimanche 4 octobre 2015

L'arboretum des Malgaches à Mimizan

44°11'N, 01°17'W

 Cet arboretum a été créé au sud de la station balnéaire de Mimizan Plage (département des Landes) le long de la route de l'Espécier, dans les années 1960 par l'Office National des Forêts qui continue à le gérer. Madagascar venait d'obtenir son indépendance et il semble que ce soit en l'honneur de stagiaires malgaches autrefois formés par l'ONF que ce nom fut donné. On y observe de belles plantations de liquidambars. 



L'arboretum des Malgaches : image satellitaire