vendredi 28 février 2014

Le peuplement de Madagascar à la lumière de l'anthropobiologie


Razafindrazaka, Harilanto, 2010.- Le peuplement humain de Madagascar. Anthropologie génétique de trois groupes traditionnels. Université de Toulouse 3 - Paul Sabatier, thèse d’anthropobiologie, 277 p. et annexes.

Cette thèse d'Harilanto Razafindrazaka témoigne des progrès enregistrés dans la connaissance de la mise en place du peuplement de Madagascar grâce à la génétique. En fait ce ne sont pas trois mais quatre groupes de population malgaches [je n’emploie pas le terme d’ethnie souvent contesté à propos de la Grande Ile] qui sont étudiés ici : des Vezo du Nord (Andavadoaka), des Vezo du Sud (Sarodrano, Manombo), des Mikea et des Merina Andriana (lignée royale). Des échantillons de population de chacun de ses groupes ont permis d’arriver à des conclusions aussi inattendues que passionnantes. La principale est que le peuplement de la Grande Ile est bien plus ancien et plus complexe qu’on ne le croyait. En atteste l’existence d’un substrat de population très ancien et très mélangé, mis en place à Madagascar entre 6 000 et 2 000 ans B.P. On y trouve des éléments génétiques venus de groupes de langue austronésienne, ayant une forte parenté avec les Aborigènes de Taiwan, d’autres de l’Eurasie et accessoirement d’Afrique. Les Vazimba pourraient avoir été les derniers représentants de ce substrat.
Il y a mille ans, la population de Madagascar est probablement réduite à quelques dizaines de milliers d’habitants sans que l’on sache quel évènement a été responsable. Il 'agit semble-t-il de cueilleurs-chasseurs laissant peu de traces archéologique. De nouvelles vagues de peuplement viennent grossir la population initiale : elles proviennent d’Asie (Insulinde) et de l’autre côté du Canal de Mozambique. Dans ce second cas, il s’agit essentiellement semble-t-il de populations issues de l’esclavage. La langue malgache, d'origine austronésienne, s’impose ainsi que de nombreuses coutumes venues de l’Insulinde.
Contrairement à une idée répandue, il n’y a pas de grosses différences génétiques entre populations côtières et populations des hautes terres. Les Andriana seraient des Vazimba ayant adopté des règles privilégiant les unions avec des populations venues d’Asie. Il y a en revanche de nettes différences entre Vezo du Nord et du Sud, les premiers étant très proches des Mikea.
Dans les années qui viennent, la multiplication de ce type d’étude génétique permettra d’aller plus loin en précision. On manque en effet encore de nombreux et indispensables points de référence. Cela doit par ailleurs encourager à découvrir les preuves archéologiques, même ténues, qui manquent encore. 

Les Malgaches : un patrimoine génétique commun très ancien

1 commentaire:

  1. Désolé mais je trouve que cette thèse n'est pas toujours rigoureuse. Elle fait apparaître qu'il n'y a pas de différence entre Mikea et les Vezo. Pour Ambohimalaza, son échantillon est hasardeuse: même en prenant en compte une ancienneté de 5 générations, cela ne peut suffire. D'autant plus que ça tomberait en plein 19e siècle. Période ou l'Imerina connait un profond bouleversement.
    Et puis l'anthropobiologie est un concept plus que douteux pour le moment.

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