dimanche 7 septembre 2014

Le meilleur de la musique du Sud malgache


Le Sud de Madagascar offre à l'amateur de rythmes une extraordinaire diversité musicale à forte valeur identitaire. Cette région connait en effet actuellement une vague de créativité inconnue ailleurs. Les rythmes du Sud sont portés par de grands artistes, des personnes simples et spontanées, souvent trop mal connus en dehors de leur pays. Cette page permettra peut-être de mieux les mettre en lumière. On trouvera ci-dessous des liens avec quelques unes des vidéos proposées par You Tube et Dailymotion. Il s'agit, pour l'essentiel, de tsapiky, ce genre musical qui s'est mis en place à Tuléar dans les années 80. Notre propos n'est pas de constituer un musée des spectacles les plus authentiques : dans le Grand Sud, les guitares électriques et l'accordéon ont désormais pris le pas sur les instruments traditionnels anciens. Ecoutez avec attention ces magnifiques mélodies, c'est une partie importante de l'âme des peuples du Sud malgache.

CLIQUEZ SOIT SUR LE TITRE DE LA CHANSON, SOIT SUR L'IMAGE YOU TUBE QUAND IL Y EN A UNE.
Voir aussi: Les meilleurs clips musicaux du Sud

 Tsapiky homecoming (14' HD Damily, Mallet, malgache & français, sous-titrage anglais)


Angéline et Jacqueline : Efa ela ihany  Séquence nostalgie 
Bedona & Befila : Benono  Dans l'ambiance d'une fête villageoise

Behaja : Kiefaefa    Un incroyable voyage en pirogue de stade en stade.
Black Nadia : Rom Boy

Claude Teta : musicien du Sud (entretien)
Claude Teta :  morceau de guitare

Claude Teta : Kabary lava : à écouter d'urgence.
ClaudeTeta : Mikabary
Dadah de Fort-Dauphin Mizaly : Dadah est un des meilleurs mélodistes malgaches.
Damily : Leçon de tsapiky Superbe.
Damily : Mahavelo Mitaha 
Damily : Mandia vay

Dedake : Manikiteka
Jeahibesele : jeahi22
Jeahibesele : Nimate



Jean Balsac : Velesy Tuléar Un document exceptionnel : ma préférée. 
Jean Balsac :Tsy maha et non Velesy

Jean-Maryse Rabesiaka (groupe Médicis) : Tsy misy roiroy 
Koike : Horake

Los Belia : Rekonda Un vrai document ethnologique.
Mario Badjio : Mionona Une très belle mélodie. 
Mario Badjio :Toliara Cet excellent chanteur mériterait d'être mieux connu. 
Mirasoa et Mangoratsaky : Ampela mamolava
Mizeha : Family Rasta
Mizeha : Mitingatinga Comment rester insensible ? 

D'Gary : Lagnana
D'Gary : Moramora
D'Gary : Very ny bado

Nhodas : Zaho le many
Onja : Masy
Pela & Mahavoaky Remola : Hafazaza Sakaraha
Rasoa Kininike : Manambaly mampirafy
Regis Gizavo : Tsikaholy Une de mes préférées.
Régis Gizavo : Malaso

Rebona zaza mihisa : Tsy manara-baly tezetse Rien que pour la voix incroyable du chanteur.

 Rivodoza : Samby raha teany gn'olo

Rodjizzy : Femme Un clip de qualité remarquable et un jeune chanteur d'avenir. 

Roger de Tuléar : Sakama
 
Saïd : Tealongo

Salala : Lanitra manga manga  Magie des choeurs acapella.
Tahiry : Tsipazo rano ****
Tearano : Hoy aba Une mélodie qui a déjà accroché des milliers de personnes..
Thierry D'Lhorombe : Remenabila   L'actualité sur un célèbre chef dahalo.
Tinondia & Vilon Androy : Ny reny
Tsiliva : Oh! le Tsiliva Une plongée dans le kilalake.
Tsiliva : Miavonavona
Theo Rakotovao : Mahatsiaro

Voir aussi : Tsapiky Toliara (choix de plus de 320 morceaux)

Ca y est, vous êtes convaincus ? Faites connaître la musique du Sud de Madagascar autour de vous et achetez les CD qui permettent à ces artistes de vivre. 

Première édition : 27 juillet 2013.  

vendredi 22 août 2014

Les vols de zébus à Madagascar, un phénomène ancien et meurtrier



De nombreux articles de presse alarmistes ont dénoncé le lourd bilan humain relatif à de récents vols de boeufs dans le Sud de Madagascar, le phénomène y étant présenté comme nouveau, au moins par son ampleur. On peut mettre cette erreur sur le compte de trous de mémoire, cette dernière n’étant pas la principale qualité de certains journalistes, notamment à RFI. Une autre explication, moins plausible, serait d’ordre politique : on voudrait accuser de tous les maux l’actuel président de la république malgache... comme on l’a souvent fait pour ses prédécesseurs. 
Il suffira de lire « Le journal de Robert Drury » pour comprendre qu’au XVIIIe siècle déjà les vols de boeufs constituaient une activité importante, « le sport favori des gens du Sud » selon l’expression d’un administrateur français de 1915. C’est là d’ailleurs un des ressorts de la main mise française sur le Sud autour de 1900 : bien des mpanjaka se soumettent à Lyautey parce que cela représente la manière la plus sûre de se débarrasser de leurs ennemis, voleurs de zébus et enleveurs de femmes. J.M. Hoerner (1982) a répertorié stratégies et motivations des voleurs. Du vol d’initiation des adolescents bara aux vols organisés par des équipes lourdement armées avec la complicité de certains élus et fonctionnaires  corrompus, il y a une large gamme de vols. Le Moyen Ouest est bien une sorte de Far West sans chevaux ou mieux, comme nous le présentait le Cinema Novo des années 60, un Sertão parcouru de cangaceiros. Comme ces derniers, les voleurs les plus traditionnels sont couverts d’amulettes et armés de pétoires de fabrication locale. Pour celui qui est pris sur le fait ou après une course-poursuite, c’est le plus souvent la mort. Mais ce sont aussi les assaillants qui tuent ou posent des embuscades meurtrières aux poursuivants. C’est parfois village, ou fokontany, contre village. L’Etat intervient sévèrement durant la colonisation puis par moments après l'indépendance. Au début des années 80, plusieurs massacres sont dénoncés par Monja Joana, le chef charismatique du Monima : 65 personnes jetées dans une fosse commune à Ankera Belamoty, 42 cadavres jetés dans l’Onilahy à Benenitra, 72 morts à Befandriana. Une de ces grosses bavures est confirmée par le Père Pesle, curé de Belamoty. Il s’agit pour l'essentiel de victimes attribuées à l’action des forces de l’ordre. En fait il y en a beaucoup plus, relevant soit de la férocité des voleurs, soit de celle des victimes des vols, et il faut y ajouter des maisons brûlées et des cultures saccagées liées aux cycles attaque-représailles.
F. Raison Jourde et G. Roy (2010 : p. 372) mentionnent qu'en 1974 les vols de boeufs se font à telle échelle que mille gendarmes, l'armée et les parachutistes sont mobilisés dans une grande opération dans l'Ouest.
 Le conflit qui a opposé sur la commune de Maromby, en mai 2014, les deux fokontany d’Andranondambo et d’Ambatotsivala et s’est traduit par 22 morts et un flux de réfugiés vers les communes proches n’est qu’un avatar de vieilles traditions belliqueuses.  Cela se traduit par un grand nombre de réfugiés à Amboasary. Rendre l’Etat malgache responsable du phénomène, c’est prendre le risque de donner corps à des dynamiques centrifuges  elles aussi très anciennes.

A lire : 
Hoerner, Jean-Michel, 1982.- Les vols de boeufs dans le Sud malgache. Madagascar, Revue de Géographie, 41 : 85-105.

Raison-Jourde, Françoise et Roy, Gérard, 2010.– Paysans, intellectuels et populisme à Madagascar : de Monja Joana à Ratsimandrava (1960-1975). Paris, Karthala, 487 p. 
Razafitsiamidy, Antoine, 1997.- Le vol de bœufs dans le Sud de Madagascar. Paris, INALCO, thèse de doctorat, 478 p.


Troupeau convoyé vers les Hautes Terres
Groupe de poursuivants de voleurs, armés de lances et de haches
Ambatotsivala (les présumés coupables de vols) Image Google, 2009
Andranodambo (les victimes du vol) Image Google

mercredi 6 août 2014

Le malgache, une langue dynamique : quelques emprunts de l'argot au français

Le malgache est actuellement une langue pleine de vie qui intègre à sa façon de nombreux termes étrangers. C'est particulièrement visible dans l'argot citadin étudié par Clément Sambo (1), un brillant enseignant de linguistique de l'université de Toliara. Nous y avons choisi quelques termes issus de la langue française, presque toujours détournés ou revisités avec beaucoup d'humour et de créativité.

(1) Sambo, C., 2001.- Langages non conventionnels à Madagascar. Argot des jeunes et proverbes gaillards. Paris, INALCO et Karthala, 392 p., un ouvrage à se procurer absolument (30€).

ALERETORO : conversation ennuyeuse - fr. aller-retour (qui tourne en rond).
AMIRALY : pauvre - fr. amiral (Ratsiraka, dont le pouvoir s’est traduit par un appauvrissement général).
AVANT-CENTRE : la seule dent qui reste devant - fr. avant-centre au football.
BOLENDAKA : chaudement vêtu - fr. blindé.
BOMBO VOANJO : goudron - frangache : la friandise constituée d'arachides enrobées de caramel.
BOROSY : la cajolerie - fr. la brosse.
BOTY : licencié, répudié - fr. (à coups de) botte.
DEBA : voyou - fr. (chef de) bande.
DEZAKA : en brousse, loin du progrès - fr. le désert.
DORO : neuf et beau - fr. d’origine.
ENSPKTERA : fiancé(e) - fr. inspecteur (parce qu’on doit toujours se présenter devant lui ou elle sous son meilleur jour).
KANARA : qui tremble de peur - fr. (froid de) canard.
KRANINA : doué. - fr. le crâne.
KRIKA : le piston (pour accéder à quelque chose). - fr. le cric de voiture.
KROAROZY : le vin - fr. la Croix-Rouge par opposition à la Croix-Bleue, ligue anti-alcoolique protestante.
LAGININA : en colère - fr. la guigne.
OUI : la prostituée - fr. (qui dit toujours) oui.
PLISYPLISY : la cotisation - fr. plus, plus.
RISIKA : pris en flagrant délit - fr. risque, risqué
SATILL : prétentieux - fr. stylé.
VINGT-SIX : la viande - Référence au repas amélioré du 26 juin, fête de l’Indépendance.
ZANTY : marcher pieds nus - fr.  (rouler sur la) jante 

(à suivre)