lundi 28 octobre 2013

Présidentielles malgaches 2013 : carte des tendances régionales

Ces élections ont mis en concurrence 33 candidats au premier tour le 25 octobre. Depuis les résultats arrivent au compte-goutte. La tendance générale qui semblerait se dégager serait un second tour entre le Dr JEAN-LOUIS Robinson et M. Héry RAJAONARIMAMPIANINA ou entre le Dr JEAN-LOUIS Robinson et le Général Camille VITAL. Cependant les résultats en province sont encore très partiels et une grosse surprise est donc encore possible (voir RFI).

Abréviations :
JLR : JEAN-LOUIS Robinson Richard
HRR : RAJAONARIMAMPIANINA RAKOTOARIMANANA Hery Martial
RR : RATSIRAKA Iarovana Roland
Vital : VITAL Camille

Les chiffres du CENIT sur Madagascar-Tribune.

Cette carte Tatsimo est libre de droits.

Sous réserve de bouleversements apportés par les résultats complets de cette élection, on note le fort ancrage de Jean-Louis Robinson, soutenu par le président déchu Marc Ravalomanana, en Imerina et dans le Boeny (région de Mahajunga). Mais on observe aussi qu'en dehors de ces régions son audience est souvent plutôt médiocre.
Héry, soutenu par l'actuel président de la Transition, a un ancrage national mieux marqué : il se place pour le moment partout parmi les deux premiers prétendants au second tour, sauf dans le Menabe. S'il devait être présent au second tour en décembre, cet ancrage régionalement mieux réparti devrait lui offrir des chances a priori meilleures que celles d'autres candidats.
Le Général Vital, originaire de Tuléar, a un excellent ancrage dans l'ancienne province de Tuléar et au Sud-Est, tandis que Roland Ratsiraka, neveu de l'ancien président, a son fief à l'Est et dans le Nord, ce qui n'étonnera personne.


mardi 22 octobre 2013

Le tourisme à Madagascar : débâcle en vue

Pendant de nombreuses années, le tourisme international à Madagascar a été en pleine expansion : en 2008, année record, on compte 375 000 entrées de visiteurs étrangers contre 121 000 en 1998, dix ans plus tôt (1). 2009 marque la crise, les entrées ne sont plus que de 162 000 visiteurs. Depuis le tourisme malgache a remonté la pente : 196 000 visiteurs en 2010, 225 000 en 2011, 256 000 en 2012. 
En juillet 2013, coup de froid : les cinq premiers mois de l'année marquent un recul de 4% des entrées de visiteurs étrangers. Cependant le plus dur est à venir. Ce qui vient de se passer au début du mois d'octobre à Nosy Be, principale destination intérieure, risque de provoquer  une véritable débâcle. Madagascar restera durablement dans les mémoires comme le pays où des touristes étrangers peuvent, comme dans un film d'épouvante, se faire lyncher et brûler vifs par une foule en transe sous des prétextes complètement fallacieux

Voir "A Madagascar, la folle rumeur qui a mené trois hommes sur le bûcher" de Soren Seelow et S. Hervieu (Le Monde du 12/11/2013)

Voir article de la Tribune.

(1) statistiques officielles reprises par la Banque Mondiale


jeudi 17 octobre 2013

Perrier de la Bâthie et l'exploration du Pic Boby (Andringitra, Madagascar)


22°13'S, 46°54'E
C'est le naturaliste Henri Perrier de la Bâthie, accompagné du topographe J. Descarpentries, qui en 1922 compléta sa première description (1911) et termina l'exploration du massif granitique de l'Andringitra qui signifie "là où poussent des plantes rabougries". En effet les espèces saxicoles endémiques y sont très nombreuses. Mais en fait on devrait parler de l'Imarivolanitra. Cet inselberg se trouve au sud d'Ambalavao en pays Bara. Le plus haut sommet du massif (2658 m) fut alors atteint et nommé "pic Boby". Curieusement il ne s'agit pas d'un toponyme malgache se terminant en y mais du nom du chien de Descarpentries.  Par la suite les expéditions scientifiques se sont multipliées : Humbert en 1924 puis 1934, Decary, Millot en 1949. Michel Petit, un géographe en fit une description géomorphologique minutieuse dans les années 50.


PAULIAN R., BETSCH J.M., GUILLAUMET J.L., BLANC C. & GRIVEAUD P., 1970-71.- Etude des écosystèmes montagnards dans la région malgache - I. Le massif de l'Andringitra - Géomorphologie, climatologie et groupements végétaux.  Bull. Soc. Ecol., II, 2-3, 189-226.
PETIT M., 1971.- Contribution à l'étude morphologique des reliefs grantiques à Madagascar. Tananarive, Imprimerie Centrale (thèse d'Etat de Lettres - Aix, 1970), 308 p. + 112 fig.

Image Google earth : l'Andringitra


jeudi 3 octobre 2013

Madagascar : du vieux mythe des mpakafo à celui des trafiquants d'organes


Le terme malgache de mpakafo s'applique aux « mangeurs de cœur ». Il se décline en mangeurs de divers autres organes comme mpaka-aty (mangeur de foie). La croyance en la rumeur qu'il existe des personnes en quête de cœurs de jeunes enfants est partie, semble-t-il, des hautes terres au XIXe siècle, peut-être même depuis plus longtemps, et s’est imposée peu à peu dans une grande partie du pays (Grand Sud, Nord-Ouest). Signe de modernité (?) : les cannibales se sont transformés en trafiquants d'organes. Mais n'est pas trafiquant d'organes qui veut : contrairement à ce que croient la plupart des Malgaches pauvres, le congélateur n'est pas l'outil indiqué pour stocker des pièces d'anatomie humaine destinées à resservir plus tard en chirurgie.
Il n'y a pas encore lieu de se prononcer sur ce qui est arrivé hier à Nosy Be (1) mais il est probable qu'il s'agisse de l'assassinat d'innocents, commis par une foule d'irresponsables avides de vengeance, commandités par des personnes désireuses de régler des comptes. Les victimes sont les personnes contre qui ces criminels lancent les rumeurs. L'accusation de mpakafo ou, aujourd'hui, de trafiquant d'organes n'est en effet agitée que lorsque l'on veut nuire gravement à une personne. Elle vise aussi bien des Malgaches en principe "étrangers" à la communauté, ce qui ne semble pas le cas ici, que des étrangers. Elle est malheureusement assez commune et fonctionne généralement bien, tant la crédulité de la population rurale et citadine pauvre est grande. 
Il y a quelques années, un restaurateur et hôtelier français bien connu, vivant à Tuléar, a été accusé de trafic d'organes d'enfants. Détail important : aucun enfant n'avait disparu. Rien n'y fit : le restaurateur fut obligé de conduire à la radio une campagne d'explications, sous la protection des autorités locales. Pour d'autres, il n'y a pas eu d'autres issues que la fuite ou la mort.

(1) Il s'agit du lynchage à Nosy Be de deux Européens et d'un Malgache accusés de trafic d'organes à la suite du décès d'un jeune musulman - ce qui semble renvoyer à la communauté des immigrés comoriens ou à celle des descendants de ces "Souahili" venus des côtes d'Afrique que décrit Alfred Grandidier en 1868. Une enquête sérieuse confirme que les personnes visées par la rumeur et assassinées par la foule étaient innocentes : "A Madagascar, la folle rumeur qui a mené trois hommes sur le bûcher" de Soren Seelow et S. Hervieu (Le Monde du 12/11/2013).

La plage d'Ambatoloaka à Nosy Be où a eu lieu le crime