Vu de l’extérieur, le Grand Sud malgache, prisonnier des images créées par les
tour-opérateurs, apparaît souvent comme un désert de sable et de roc, bordé par
des lagons aux eaux émeraude, irrégulièrement ponctué de rares bourgs et
villages poussiéreux. C’est inexact, bien entendu. Ce vaste
espace a la particularité d'avoir en grande partie échappé à l'emprise merina au XIXe siècle mais il est en fait structuré par une solide trame
administrative sous-tendue par un réseau de bourgs créés en partie aux débuts
de la colonisation française. L’ouverture au début du XXe siècle de voies carrossables et la création
de postes militaires par Lyautey dans des secteurs peuplés, mis en valeur au
cours des siècles précédents, ont joué un rôle important dans l’organisation de
l’espace, sans qu’il y ait de schéma reproductible partout. Les successeurs
civils de Lyautey n’ont apporté de changements au modèle initial qu’en prenant en compte
localement des bouleversements démographiques et économiques. L’Etat malgache après l'indépendance de 1959 a presque toujours validé les choix des premiers administrateurs
coloniaux. Contrairement à une idée répandue, ces derniers n’ont pas construit ex nihilo
mais au contraire en analysant, avec plus ou moins de discernement, les
situations préexistantes. La mise en place de l’organisation territoriale se
présente donc comme suivant une dynamique plutôt linéaire, une sorte de continuum marqué par
d’indispensables réajustements permettant d’intégrer de nouveaux phénomènes comme les activités minières.
Mots clés :
géographie historique, occupation de l’espace, développement
urbain, campagnes, administration militaire, infrastructure
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Des axes de communication parcourus par des charrettes : une révolution au début du XXe siècle (Photo JMLebigre)
Référence :
Lebigre, J.-M., 2014.- Les fondements historiques de l’organisation
territoriale du Grand Sud de Madagascar. in : Charlery de La Masselière B., Calas B.
(dir.), A la croisée du transect. De
la montagne à la ville. Eloge d'une géographie tropicale traversière.
Toulouse et Bordeaux, Presses Universitaires du Mirail / Presses Universitaires de Bordeaux : 287-300.
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