Ce documentaire de
80 minutes réalisé par Raymond Arnaud (cinéaste et géographe né en 1937) date de 2010 mais les
entretiens qui en font la trame sont antérieurs : 2005, voire
auparavant. La parole y est donnée à des acteurs des événements
et à des historiens malgaches spécialistes de cette période. Parmi
les premiers, on peut retenir les noms de Jacques Rabemananjara et de
Gisèle Rabesahala ; parmi les seconds Lucile Rabearimana de
l'université d'Antananarivo, cadre du Monima, Faranirina Rajaonah de
Paris VII et Tovo Rakotondrabe de l'université de Toamasina.
Jacques Rabemananjara (1913-2005), écrivain reconnu (Antsa,
Sur les marches du soir), est un homme politique majeur de
cette période : député à l'Assemblée nationale à Paris en
1946, il est emprisonné de 1947 à 1956. Libéré, il devient
vice-président de la première République malgache puis s'exile en
France en 1972. L'engagement de Gisèle Rabesahala (1929-2011) date
de 1947. Elle a été la première femme malgache accédant à un
poste de ministre, celui de la Culture de 1977 à 1989. Secrétaire
générale de l'AKFM, vice-présidente du Sénat en 2001, elle
s'opposa courageusement à Marc Ravalomanana quand celui-ci arriva au
pouvoir. Les prises de parole sont sobres à l'image des
environnements qui y président. On est sidéré par l'absence de
haine dans les propos et les attitudes des protagonistes malgaches
comme si ceux-ci disaient avant tout leur détresse que la France, en
se fourvoyant dans la terrifiante répression qui a suivi le
soulèvement, ait perdu leur confiance. Les transitions montrent
essentiellement des scènes de vie rurale. Mais quelques vieilles
photographies liées à l'insurrection et à ses suites sont
également présentées, de même qu'une séquence tournée au bagne
de Nosy Lava au NO de la Grande Ile. Le documentaire se termine de
manière émouvante par la célébration de la fête nationale par un
choeur populaire.
Le
film a été présenté pour
la première fois en
mai 2012 à l'université d'Antananarivo, la
seconde à Bordeaux au Musée d'Aquitaine, le 28 mars 2017, 70
ans après les faits.
Même
s'il ne permet pas de trouver de
réponse
à
un certain nombre de questions
soulevées, ce film
mérite d'être
largement diffusé,
vu la rareté des documents sur cette terrible insurrection et
la qualité de ceux qui sont présentés.
Fête nationale dans la capitale |
Merci Tatsimo pour cet excellent article qui vient compléter celui du 28 septembre 2014 sur ce même superbe blog :
RépondreSupprimerhttp://tatsimo.blogspot.fr/2014/09/linsurrection-de-1947-madagascar-en.html