Le littoral entre Betsiboka et Mahajamba : une forêt sèche en lambeaux |
On
s'en doutait mais on n'en avait pas la preuve absolue : ce sont les
hommes, particulièrement les éleveurs, qui sont responsables du grand mouvement de déboisement
touchant l'ensemble de Madagascar et datant d'environ 1 000 ans (XIe
siècle). Les feux allumés par l'ancienne population seraient le
principal responsable de la destruction des forêts originelles et le déclencheur de
l'extinction de la mégafaune, et
non le changement climatique comme certains l'ont affirmé, nous disent des chercheurs réunis
autour de Stephen Burns (2016). On fait d'ailleurs souvent référence
dans la mythologie malgache à l'afotroa, le feu
mythique qui ravaga toute l'île laissant des charbons de bois en
stratigraphie.
Pour
cela deux stalactites d'un mètre de long ont été prélevées dans
la grotte d'Anjohibe (voir article) puis ont été envoyées au MIT pour une étude
détaillée. Là, les chercheurs les ont soumises à une analyse
isotopique, comparant la quantité et le type de carbonate de
calcium. Cela a permis de mettre en évidence un changement radical,
complet et soudain de leur composition. A l'origine les isotopes de
carbone dans les stalagmites sont en lien avec des arbustes et des
arbres poussant à la surface du sol ; un nouveau rapport
isotopique compatible avec les prairies a remplacé le premier en
seulement un siècle tandis que les précipitations restaient
largement les mêmes. Voilà donc des données fondamentales.
On notera qu'aujourd'hui aussi, certains voudraient faire passer le changement climatique comme responsable de tous les problèmes de la population malgache en évitant soigneusement de mettre en avant la surexploitation des ressources et les erreurs de gestion de l'environnement.
Référence
Burns,
Stephen J., Laurie R. Godfrey, Peterson Faina, David McGeed, Ben
Hardt, Lovasoa Ranivoharimanana, Jeannot Randrianasy, 2016. Rapid
human-induced landscape transformation in Madagascar at the end of
the first millennium of the Common Era. Quaternary Science Reviews,
Volume 134, 15 February 2016 : 92–99.
Le premier pas c'est de faire le constat : Grand merci à Tatsimo.
RépondreSupprimerLa seconde étape c'est de trouver une solution durable : Merci à la permaculture et Ecovillage (http://ecovillagemadagascar.com/formation-pratique-en-permaculture-du-28-29-septembre-2015/)
Ici, pas de solution durable. Les destructions ont été irrémédiables comme elles l'ont été chez nous lors des grands défrichements médiévaux. La question est : comment gérer ce qui reste (et c'est énorme) ? Il y a malheureusement lieu de ne pas être très optimiste.
Supprimer