L’année 2015
aura été marquée par la sortie du livre de B.A. Allen (1) consacré à l’esclavage
européen dans l’océan Indien. Cet ouvrage de synthèse qui s’appuie sur
différentes études antérieures permet d’obtenir quelques lumières sur un
phénomène effroyable mais encore trop mal connu ce qui explique une multitude de
lieux-communs et de poncifs.
Quels pays de l’océan Indien ont été victimes de l’esclavagisme ?
A peu près
tous à divers degrés : le Mozambique, Madagascar, l’actuelle Tanzanie et
le Kenya, la Somalie mais aussi tous les pays d’Asie comme l’Inde, l’actuel Sri Lanka,
l’Indonésie, etc.
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Quels ont été les pays esclavagistes ?
En plus de
ceux qui viennent d’être cités (l'esclavage était alimenté par des filières locales), il y surtout eu
le Portugal, la France, les Pays-Bas et l’Angleterre. Bien d’autres pays
européens sont concernés mais à plus petite échelle. Les pays du Proche et
Moyen-Orient, gros demandeurs d’esclaves ne sont pas étudiés ici.
Quantitativement quels ont été les principaux flux d’esclaves ?
Le plus
important (fig.) se dirigeait vers le Proche-Orient, deux autres vers l’Atlantique
et vers les Mascareignes. Le flux vers la ville du Cap, fondation hollandaise,
et celui vers l’Atlantique sont
fondamentaux. Celui de et vers l’Asie est plutôt moindre. L’esclavagisme au
sein de l’Asie était néanmoins un phénomène considérable qui a fait l’objet d’autres
ouvrages. Il n’y a aucune preuve d’un éventuel lien entre la déstabilisation
des sociétés locales, l’esclavagisme et la colonisation de Madagascar. Au XIXe, de Madagascar partirent des expéditions en Afrique de l'Est d'où furent prélevés les Makoa qui forment encore une communauté importante.
Le rôle de la France était-il majeur ?
La
préoccupation de la France était de peupler Bourbon et l’Ile de France, et d’y
faire fonctionner les plantations. Les navires négriers de la Compagnie des Indes se sont approvisionnés
à Madagascar et au Mozambique, surtout au début du XIXe siècle : à peu
près 40% de cette horrible activité contre 22% en moyenne. Les Portugais qui eurent besoin
de main d’oeuvre en Inde, en Indonésie, puis au Brésil ont été beaucoup plus
actifs pendant 350 ans. Différents pirates ont également contribué au transport
des esclaves.
Où sont partis les esclaves vendus à Madagascar ?
On connait surtout l'odyssée de Masavana, un Malgache vendu en 1766 sur le port de Tuléar à des Hollandais de la VOC. Il fut accusé d'avoir provoqué une mutinerie avant d'arriver au Cap. Beaucoup d'autres ont abouti en Afrique du Sud. Davantage ont terminé leur vie aux Mascareignes. En fait pirates et compagnies marchandes comme la VOC en déposèrent un peu partout. Il y a donc des descendants de Malgaches en Amérique du Nord, dans la Caraïbe, en Afrique du Sud, au Proche-Orient, en Inde et même en Indonésie.
(1) Allen B.A., 2015. European Slave Trading in the Indian Ocean, 1500–1850, Ohio university Press, 372 p.
Quid de cette affirmation de wikipedia ?
RépondreSupprimer"Les Bara sont un peuple de pasteurs semi-nomades des plateaux du sud de Madagascar. Quelques milliers vivent également à La Réunion."
J'ai déjà écri au département de sciences humaines de l'Université de La Réunion sur le campus du Moufia mais personne n'a répondu...
Hélas oui, sur Wikipedia n'importe qui peut écrire n'importe quoi. En tout cas, cela se vérifie facilement pour Madagascar. Cependant rien ne t'empêche d'ouvrir un compte et de corriger les erreurs. Bon courage.
RépondreSupprimerMerci pour le conseil.
RépondreSupprimerEn tout cas ton article montre bien que (tous) les malgaches sont des migrants...