Razafindrazaka, Harilanto, 2010.- Le peuplement humain de Madagascar. Anthropologie génétique de trois groupes traditionnels. Université de Toulouse 3 - Paul Sabatier, thèse d’anthropobiologie, 277 p. et annexes.
Cette thèse d'Harilanto Razafindrazaka témoigne des progrès enregistrés dans la
connaissance de la mise en place du peuplement de Madagascar grâce à la
génétique. En fait ce ne sont pas trois mais quatre groupes de population
malgaches [je n’emploie pas le terme d’ethnie souvent contesté à propos de la
Grande Ile] qui sont étudiés ici : des Vezo du Nord (Andavadoaka), des
Vezo du Sud (Sarodrano, Manombo), des Mikea et des Merina Andriana (lignée
royale). Des échantillons de population de chacun de ses groupes ont permis
d’arriver à des conclusions aussi inattendues que passionnantes. La principale
est que le peuplement de la Grande Ile est bien plus ancien et plus complexe
qu’on ne le croyait. En atteste l’existence d’un substrat de population très
ancien et très mélangé, mis en place à Madagascar entre 6 000 et
2 000 ans B.P. On y trouve des éléments génétiques venus de groupes de langue austronésienne,
ayant une forte parenté avec les Aborigènes de Taiwan, d’autres de l’Eurasie et
accessoirement d’Afrique. Les Vazimba pourraient avoir été les derniers représentants
de ce substrat.
Il y a mille ans, la population de Madagascar est
probablement réduite à quelques dizaines de milliers d’habitants sans que l’on
sache quel évènement a été responsable. Il 'agit semble-t-il de cueilleurs-chasseurs laissant peu de traces archéologique. De nouvelles vagues de peuplement viennent grossir la
population initiale : elles proviennent d’Asie (Insulinde) et de l’autre côté
du Canal de Mozambique. Dans ce second cas, il s’agit essentiellement semble-t-il de
populations issues de l’esclavage. La langue malgache, d'origine austronésienne, s’impose ainsi que de
nombreuses coutumes venues de l’Insulinde.
Contrairement à une idée répandue, il n’y a pas de grosses
différences génétiques entre populations côtières et populations des hautes
terres. Les Andriana seraient des Vazimba ayant adopté des règles privilégiant
les unions avec des populations venues d’Asie. Il y a en revanche de nettes
différences entre Vezo du Nord et du Sud, les premiers étant très proches des
Mikea.
Dans les années qui viennent, la multiplication de ce type
d’étude génétique permettra d’aller plus loin en précision. On manque en effet
encore de nombreux et indispensables points de référence. Cela doit par
ailleurs encourager à découvrir les preuves archéologiques, même ténues, qui
manquent encore.
Les Malgaches : un patrimoine génétique commun très ancien |